Dans In-Game, sous-titré Les Confessions d’une Hexaddict, Lucie, l’héroïne, est une jeune étudiante en classe préparatoire studieuse et sans reproche, entièrement concentrée sur un sacro-saint objectif : intégrer une grande école d’ingénieurs. Ses deux meilleures amies, ses parents, ses enseignants, personne ne soupçonne que tout cela n’est plus, depuis des mois, qu’une apparence qu’elle tente tant bien que mal de préserver. C’est un horizon bien moins conventionnel qui occupe son esprit et mobilise l’essentiel de son énergie, ainsi qu’une grande partie de ses nuits. Lucie perd peu à peu contact avec le réel. Elle est tombée amoureuse d’un autre monde. Accro, droguée au virtuel, elle est devenue la prisonnière consentante d’une réalité parallèle. Lucie est une Hexaddict.
Ce sobriquet, c’est celui dont les journalistes ont affublé les cinquante millions de joueurs engagés dans la partie la plus médiatique de toute l’histoire du jeu vidéo. Lords of the Hexagon est un jeu de tir en vue à la première personne de type battle royale. Chaque joueur monte dans un avion et décide de sauter dès qu’il le souhaite, équipé d’un parachute, sur un point de l’aire de jeu de son choix. Là, il doit chercher dans son environnement de quoi survivre. Armes, protections, soins… Les joueurs s’affrontent jusqu’à ce qu’à la fin il n’en reste plus qu’un. Et il y a de quoi avoir envie de s’investir, car un prix de dix millions d’euros, au terme d’une année de combats acharnés, attend le vainqueur.
La partie dure un an et se déroule sur la carte de France reproduite à l’échelle 1:1. Régulièrement, la zone de jeu se réduit, poussant les joueurs à se rencontrer et à se battre. Lucie joue aux côtés d’un petit groupe d’amis en ligne dont elle ne connaît que les pseudonymes et les voix derrière les micros. Pour survivre, les alliances sont vitales. La dimension sociale est un point clé du jeu, même si chacun finira par devenir l’ennemi de ses alliés. La concurrence est rude. La victoire, plus qu’improbable. C’est elle, pourtant, la gagne, qui motive Lucie, bien plus que la perspective d’empocher un gros chèque. Mais pas que. Plus elle se détache des exigences de son quotidien d’étudiante, plus Lucie se sent vivante. L’vresse e-sportive, la chaleur humaine de sa petite tribu qui, sans même connaître ni son vrai nom, ni son âge, ni son visage, sait qui elle est vraiment au fond d’elle, l’amour peut-être, voilà tout ce qui pousse Lucie à revenir sur le champ de bataille, toujours plus d’heures chaque jour, au détriment de tout le reste.
Dans In-Game, je brosse le portrait d’une gameuse des années 2020. Intelligente, déterminée, égarée peut-être, mais avide d’explorer et de conquérir un univers flambant neuf, copie sublimée d’une réalité parfois trop fade. Le risque en vaut-il la chandelle ? Je vous laisse le découvrir ici !