Bonjour à tous, aujourd’hui je vais vous présenter Epee 2.0 – The Birth of the New Fencing Paradigm, un essai autobiographique écrit par l’épéiste suédois Johan Harmenberg, champion du monde en 1977 à Buenos Aires et champion olympique en 1980 à Moscou. Sportif d’exception aujourd’hui reconverti dans la recherche médicale et l’enseignement de l’escrime, Johan est connu pour avoir inventé une nouvelle façon de tirer à l’épée. Révolutionnaire, son style novateur a fait des ravages sur la scène internationale de la fin des années 70 au début des années 80. Dans son livre, il raconte sa carrière d’escrimeur, de la salle d’armes du MIT à Boston jusqu’à l’obtention de l’or olympique en Russie et explique en détails, d’un point de vue parfois scientifique, la genèse et le développement de son escrime « 2.0 » conçue pour contrer le style classique.
Ayant appris les bases de l’escrime sur sa terre natale, en Suède, ce n’est qu’en allant faire ses études aux Etats-Unis que Johan parvint à développer son potentiel en s’intégrant à un petit groupe d’étudiants passionnés entraînés par le maître Eric Sollee, coach iconoclaste. La petite bande se réunissait souvent pour discuter technique et stratégie au Fathers IV, un bar proche du prestigieux Massachusetts Institute of Technology. C’est là que naquit un beau jour la théorie développée, et surtout pratiquée par Johan. Tout partit de ces trois questions, griffonnées au dos d’une serviette en papier et nommées par Johan « Les Conjectures de Sollee » :
1) Lors d’un match, le tireur le moins fort techniquement peut-il décider du niveau technique du combat ?
2) Le tireur ayant la distance d’escrime la plus courte peut-il contrôler la distance pendant toute la durée d’un match ?
3) Est-il possible de forcer votre adversaire à venir dans votre propre zone d’excellence ?
À la lecture du livre, vous serez convaincus que la réponse à ces trois questions est oui. Là où l’école classique affirme que pour s’imposer il faut être le meilleur techniquement, se placer suffisamment loin de l’adversaire et maîtriser toute la palette des gestes techniques existants, le modèle que Johan propose affirme que le tireur le plus faible techniquement peut empêcher l’adversaire d’exploiter toute sa panoplie, qu’une distance très courte (plus courte que vous ne pouvez l’imaginer) s’avère souvent plus efficace et qu’il est possible de n’utiliser qu’UN SEUL geste technique, pourvu qu’on le maîtrise à la perfection et que l’on soit capable de contraindre l’adversaire à nous offrir les conditions nécessaires pour exécuter ce geste (la prise de fer en sixte pour Johan). Il appelle cela la « zone d’excellence ».
Toute les richesses techniques de cette nouvelle méthode (appelée paradigme dans le livre) sont développées et étudiées dans l’ouvrage. La méthode du déplacement par bonds (qui permettent de se déplacer en un seul temps contrairement à la marche et à la retraite classiques) y est par exemple encouragée et on y trouve une étude mathématique de certains aspects de l’escrime à l’épée, avec entre autres une étude des vitesses relatives de la pointe de l’arme du tireur et de la cible visée sur le corps de l’adversaire. Vous verrez notamment qu’il est peut-être plus judicieux d’allonger le bras pendant la fente, contrairement à ce que dit l’escrime classique, afin que les vitesses de fente et d’allongement du bras s’additionnent !
En somme, un livre à lire absolument ! Il n’y a qu’un seul hic, l’ouvrage n’existe qu’en anglais. J’ai contacté Johan Harmenberg pour discuter par mail de son livre et je lui ai proposé de le traduire en français. Il est intéressé, mais souhaite au préalable travailler sur une version enrichie (Epee 3.0). Je lui en reparlerai un peu plus tard. Le livre original est sorti en 2007, publié par mon éditeur préféré Steve Khinoy et sa maison d’édition Swordplay Books.
Bonne lecture et bons assauts à tous !