Une très bonne introduction au walking sim

Publié le 5 mai 2024

Le walking simulator (souvent abrégé en walking sim) est un genre vidéoludique popularisé par la sortie en 2013 du jeu Gone Home des américains de The Fullbright Company. On pourrait traduire ce terme par « simulateur de marche » en français. Il s’agit de jeux narratifs, parfois très contemplatifs, où le gameplay se résume aux déplacements de base au clavier et à la souris (sur PC) et à des interactions élémentaires avec le décor (observation d’objets, lecture de documents, écoute d’audiologs et appui sur quelques boutons). Ils ne comportent pas de combats, ni d’énigmes trop sophistiquées. On y marche beaucoup et on se laisse bercer par l’histoire et l’ambiance. Il s’agit le plus souvent de sortes de courts-métrages interactifs, au propos marquant, qui nous plongent dans la psyché de personnages parfois très tourmentés, dans des décors qui restent gravés pour longtemps dans l’esprit du joueur.

C’est le cas de Marie’s Room, jeu proposé gratuitement sur Steam, sorti le 13 février 2018 et développé par le petit studio belge « like Charlie ». Huis-clos intimiste où l’action se déroule dans une unique pièce (plus un bref couloir liminaire), la chambre de ladite Marie, l’expérience se boucle en moins d’une heure, ce qui en fait une parfaite porte d’entrée pour découvrir ce genre de niche si particulier. Il y a ici un petit côté Gone Home minimaliste. On y retrouve le même esprit, celui d’une invitation à découvrir des tranches de vie et des personnalités fortes à travers la fouille sans gêne, en leur absence, de leurs tiroirs, de leurs téléphones et de leurs ordinateurs, en incarnant cependant un personnage autorisé à pénétrer en ces lieux.

Dans Marie’s Room, on explore la chambre d’adolescente de Marie, en vue à la première personne, à travers les yeux de Kelsey, une amie d’enfance. Cette dernière débarque chez Marie, on ne sait trop pourquoi au départ, à notre époque, et pénètre dans la pièce presque vide à la recherche d’une relique du passé : un journal intime rédigé en mode scrapbooking. Elle l’ouvre et se replonge dans le passé, vingt ans en arrière, à une époque où se sont déroulés des événements traumatiques, pour elle comme pour Marie. Impossible d’en raconter beaucoup plus, sous peine de trop dévoiler l’intrigue. Disons simplement que les deux jeunes filles présentaient, dans leur prime jeunesse, des caractères totalement opposés, mais avaient pour point commun d’être toutes les deux passablement paumées, chacune à sa façon. Marie, qui vivait seule avec son père suite au décès de sa mère, était une introvertie pas très à l’aise, tandis que Kelsey, de ce que l’on comprend, avait un côté très bad girl, cheerleader du genre à fréquenter les mauvais garçons et à s’attirer des ennuis. Kelsey a partagé pendant quelque temps la chambre de Marie et une amitié ambiguë s’est développée entre les deux teenagers au beau milieu d’une période trouble de leurs vies respectives, ponctuée de plusieurs tragédies. Le journal intime est alors vierge et se complète à mesure que l’on interagit avec les objets clés disséminés dans tous les recoins de la chambre. Une fois le carnet rempli de bribes de confessions, de photos et de coupures de presse, on accède au fin mot de l’histoire et à la conclusion du jeu.

Marie’s Room a été développé par deux artistes brugeois. Kenny Guillaume, d’abord, à la direction créative, aux graphismes et à la programmation et Dagmar Blommaert, à l’écriture, aux dialogues et à la narration. Il s’agit d’une première production, ce qui explique le côté très compact de l’oeuvre. Le studio a par la suite livré un deuxième opus, Ghost on the Shore, sorti en 2022 (voir image ci-dessous). Il s’agit là aussi d’un walking sim dans lequel une jeune femme voit son petit bateau de plaisance s’échouer sur une île et entend dans sa tête des voix fantomatiques. Une démo est disponible sur Steam.

Si ce n’est pas un jeu parfait, Marie’s Room propose une balade agréable dans le passé, empreinte de nostalgie. Je le recommande en particulier à tous ceux n’ayant jamais goûté au genre. Pour les autres, l’expérience pourra tout de même être satisfaisante le temps d’une petite heure et fera remonter à la surface les doux souvenirs laissés par les ténors du genre que sont Dear Esther, What remains of Edith Finch, The Vanishing of Ethan Carter, Tacoma ou encore Firewatch.

Et voici, pour finir, quelques liens utiles :

Le site web de like Charlie.

La page Steam de Marie’s Room.

Marie’s Room sur itch.io.

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